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mercredi 21 décembre 2016

Les Bases : Historique

Voici un modeste guide écrit dans le but d’initier les nouveaux lecteurs aux bases de l’univers des comics, son mode de fonctionnement, son vocabulaire et les formaliser aux aspects techniques. Mais également pour rafraichir la mémoire des vétérans et surtout dans un but de partager cette passion pour ce média. En préambule, un rapide historique de la Bande-Dessinée et du comics, une base nécessaire, avant de développer son fonctionnement dans un second article.
Petite introduction à la Bande-Dessinée.
La bande-dessiné est un art ancien et difficile à définir. On peut voir dans certaines fresques préhistoriques, des bas-reliefs antiques ou les images d’Epinal une forme ancestrale de ce mode d’expression. L’apparition des premières bandes avec texte sous l’image jusqu’au XIXème siècle au Japon par Hokusai, en Italie par Léonard de Vinci, en Suisse par Toepffer puis en France avec Christophe (1893 et 1896) nous laisse penser que cet art est plus ancien qu’il n’y parait, bien qu’il ait extrêmement évolué et qu’il soit le descendant de plusieurs formes d’art. On en arrive, en 1897 aux États-Unis, à rencontrer les Katzenjammer Kids (Pim Pam Pouf en France) écrits par Rudolph Dirks, la première véritable bande-dessinée reconnue (influencée par Max et Moritz de Wilhelm Busch). On assiste à partir de cette date à l’apparition des pionniers et des figures de ce nouveau mode d’expression, par le biais de la presse. Car oui, la bande-dessinée n’est à cette époque qu’un supplément dans les journaux et magazines.
1) La bande-dessinée américaine : « comique » ?
Retournons précisément Outre-Atlantique (sujet qui nous intéresse ici), où le comic-strip désigne le format dont nous parlons. Chaque pays a son mot pour désigner cette « bande » (fumetti en Italie, historietas en Espagne, manhuas en Chine, tecknadserie en Suède…). Le strip (la bande) est une succession de 3,4,5 cases qui, assemblées, racontent une histoire. Le plus souvent un gag, une blague, d’où l’adjectif « comique », qui est finalement resté pour désigner la bande-dessinée américaine : le Comics.
2) Premières publications et arrivée du comic-book.
Si les premiers comic-strips ont été publié dans les journaux et magazines, rapidement se développent des revues dédiées à ce nouveau média : les comic-books. Les premiers arrivent dans les années 1930 et regroupent les strips déjà parus dans les journaux (Famous Funnies en octobre 1933). Puis apparaissent de nouveaux éditeurs, proposant leurs propres histoires, leurs propres séries et propres titres d’une dizaine de pages comme Fun Comics n°1, publié le 11 janvier 1935 par National Allied Publications. Les pulp magazines (ou pulps, publications peu coûteuses et de piètre qualité) inondent le marché américain et s’emparent des masses populaires. D’une part grâce à un prix accessible (généralement 10 cents) et de l’autre grâce à des thèmes variés qui plaisent au public : enquêtes policières qui font la part belle aux détectives, histoires d’amour, de science-fiction, récits d’aventures ou fantastiques… Les titres affluent par centaine et le nombre d’éditeurs s’accroit fortement.
Il faut signaler que cette tendance touche particulièrement les États-Unis et par extension l’Amérique mais s’exporte mal. C’est donc pour cela que le comics est indissociable de la culture américaine, enraciné et lié à elle.
3) Mythe du super-héros, patriotisme et crise du média.
Plus tard, National Allied Publications propose Detective Comics n°1 (1937) et Action Comics n°1 (avril 1938) et se renomme DC ComicsAction Comics est un tournant  majeur dans l’histoire de la publication de comics. Il fait apparaitre le premier super-héros reconnu au monde : Superman, crée par Jerry Siegel et Joe Shuster. Le super-héros devient une grande mode dans les comics (apparition de Marvel Comics n°1 en octobre 1939) mais le reste des publications pulps ne cesse d’être édité. Les éditeurs possèdent les droits exclusifs des personnages. Ensuite, les comics jouent un rôle plus qu’important durant la Seconde Guerre mondiale (patriotisme, propagande mais aussi élément de motivation pour les soldats, lecteurs eux aussi). Ce média participe à l’effort de guerre, tout comme ses auteurs. Plusieurs d’entre eux s’engagent et un petit nombre reste pour continuer de faire tourner la « machine ».
Une fois la Guerre terminée, on « met de côté » ce mode de publication. On commence à le critiquer, le montrer du doigt. Dans les années 50, le comics est même voué à disparaitre, du moins la majeure partie des titres. Dans le livre Seduction of the innocent, le psychiatre Fredric Wertham accuse les comics de diaboliser la jeunesse et d’être à l’origine de la délinquance. Le gouvernement américain s’intéresse de près à cette affaire et crée une commission d’enquête sénatoriale menée par Estes Kefauver. Certains éditeurs craignent l’apparition d’une règlementation et forment une association, la Comics Magazine Association of America (CMAA), qui créé la Comics Code Authority (CCA) en 1954, un organisme d’auto-régulationLe Code impose les règles suivantes :
  • « Toute représentation de violence excessive et de sexualité est interdite.
  • Les figures d’autorité ne doivent pas être ridiculisées ni présentées avec un manque de respect.
  • Le bien doit toujours triompher du mal.
  • Les personnages traditionnels de la littérature d’horreur (vampires, loup-garous, goules et zombies) sont interdits.
  • La publicité pour le tabac, l’alcool, les armes, les posters et cartes postales de pin-ups dénudées ne doivent pas apparaître dans les magazines.
  • La moquerie ou les attaques envers tout groupe racial ou religieux sont interdits.« 
Les éditeurs sont donc fortement bridés, ne pouvant sortir un titre non-approuvé par la commission, la censure apportée par le code étant trop lourde. La réaction est significative dans les années 60 avec la création des comics underground, ne respectant pas le code établi et distribués hors du circuit traditionnel (souvent dans des magasins psychédéliques poussés par la culture hippie). La vague contestataire des années 1960 fait bouger les choses mais il faut attendre 1971 pour que le code commence à être modifié. L’éditeur-en-chef de Marvel de l’époque, Stan Lee, est contacté par l’équivalent de notre Ministère de la Santé pour publier un comics montrant les méfaits de la drogue. Une histoire de Spider-Man est écrite où un ami de Peter Parker est addict à des pilules. C’est une entrave au code, le numéro est refusé mais Marvel le publie tout de même. Le succès est immédiat et le CCA doit être assoupli car de plus en plus critiqué. Certaines règles changent, d’autres éditeurs suivent la voie des comics underground. DC publie avec l’accord du CCA un numéro de Green Lantern sur l’addiction aux drogues avec un dessin de seringue sur le couverture.

Le code est régulièrement mis à jour, évolue avec les mentalités de la société américaine. En 1989, le CCA interdit de dénigrer les homosexuels. Les règles ne sont plus restrictives et on voit le code sur ses derniers jours.
L’arrivée de nouveaux studios d’édition entre les années 80 et 90, qui ne rejoignent pas la commission, vont faire trembler davantage les fondations de la CMAA. Les deux plus grands éditeurs créent une branche leur permettant d’éditer des comics non-soumis au code (Vertigo pour DC et MAX comics pour Marvel). En 2006, seuls DC Comics et Archie Comics (comme studios importants) passent encore par le CCA. La CMAA disparait en 2011 car ces deux derniers éditeurs ne travaillent plus avec elle et ne lui versent plus de fonds.
Les années 1990 et 2000 marquent l’avènement des comics en creator-owned (les auteurs possèdent les droits de leurs personnages). Avec l’essor du super-héros au cinéma, les comics sont désormais encore plus démocratisés, touchant un plus large public. Les thèmes sont énormément variés. L’ampleur du média est mondiale.
   L’histoire de la bande-dessinée américaine (et de la BD tout court) est passionnante, on pourrait développer encore bien plus. Ici, il s’agissait d’introduire brièvement les évolutions historiques du média. Il y a donc les repères les plus importants et les grandes périodes de la vie du comics, permettant une première approche sur son histoire et représentant une introduction suffisante pour découvrir les bases du comics.
Pour aller plus loin :
Super-héros : L’éternel combat, documentaire en trois parties de Michael Kantor , diffusé sur Arte. Des interviews intéressantes avec des intervenants variés et des images d’archives vraiment parlantes. Un essentiel sur le sujet.
Secret Origin : The story of DC Comics, documentaire de Mac Carter pour les 75 ans de l’éditeur. Bien que le sujet principal soit DC Comics, le documentaire met en parallèle l’éditeur et l’Histoire du média, ce qui en fait une production très intéressante et un essentiel également.
The Golden Age of DC ComicsThe Silver Age of DC Comics, de gros ouvrages retraçant l’histoire de la maison d’édition.
75 years of Marvel Comics, de Roy Thomas. Un livre XXL pour les 75 ans d’existence de Marvel.
COMICS, les indispensables de la bande-dessinée américaine, de Thierry Mornet. Un guide pour découvrir l’univers comics, les titres et les héros les plus importants, tout cela avec leur historique.

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