Image Comics
Image Comics est de nos jours le troisième plus grand éditeur de comics, mais cette observation n’est vérifiée que depuis ces dernières années. En effet, les débuts de l’éditeur ont été difficiles, attendant le succès et la reconnaissance qu’il méritait. Mais surtout à cause d’un manque de vision mercantile, de volonté d’expansion de ses dirigeants lors de sa fondation et de tensions internes, qui l’ont bridé durant plusieurs années.
La création d’Image remonte aux débuts des années 1990, période pendant laquelle plusieurs artistes commencent à contester le fonctionnement majeur de l’industrie des comics, à savoir un certain contrôle créatif mais surtout le droit exclusif des éditeurs sur les productions.
L’histoire de sa fondation est différente selon les versions, mais prend racine auprès de plusieurs artistes travaillant pour Marvel. Concrètement, suite aux contestations grandissantes évoquées précédemment, un groupe de dessinateurs du studio décide de faire réagir le président de Marvel en décembre 1991, Terry Stewart, en faisant irruption dans son bureau et en le menaçant de démissionner si les conditions ne changent pas. Le président reste impassible et les protagonistes de cette petite rébellion n’obtiennent aucune considération.
Quelques mois plus tard, en 1992, sept dessinateurs anciennement affiliés à Marvel, Todd McFarlane, Jim Lee, Rob Liefeld, Erik Larsen, Marc Silvestri, Whilce Portacio et Jim Valentino (dont plusieurs devaient faire partie des contestataires), annoncent la naissance d’un tout nouvel éditeur : Image Comics.
Le but d’Image est révolutionnaire et consiste à fonder une maison d’édition composée de plusieurs studios indépendants, prônant le creator-owned (les droits appartiennent aux créateurs) et le creator-work (un créateur Image n’intervient jamais sur le travail d’un autre, créativement ou financièrement parlant). Tout va dans le sens de la création et de la bonne entente en termes de droits.
Tous les co-fondateurs (à l’exception de Portacio qui ne souhaite pas être un partenaire à part entière pour des raisons personnelles), créent des studios indépendants sous la bannière d’Image, six « sociétés-soeurs », indépendamment gérées par les six co-fondateurs du nouvel éditeur. Chaque dirigeant des six studios donne naissance à une série, vaisseau-amiral de chacun d’eux. La première vague est portée par McFarlane, Lee, Liefeld et Larsen.
- Todd McFarlane crée Spawn sous son label Todd McFarlane’s Productions.
- Jim Lee fonde Aegis Entertainment, qui deviendra Wildstorm, avec la série phare Wild C.A.T.S.
- Rob Liefeld produit la série Youngblood sous son label Extreme Studios (renommé Awesome Comics et disparu en 2000).
- Erik Larsen invente The Savage Dragon, édité sous son label Highbrow Entertainment.
Ces premières séries fonctionnent convenablement pour Image mais ne sont pas bien vues du côté des critiques du milieu. Les membres du studio sont dessinateurs avant d’être écrivains et les histoires sont critiquées pour leur pauvreté scénaristique. Il faudra attendre quelques années et le soutient croissant des lecteurs pour que ces titres gagnent en crédibilité auprès de tous et deviennent célèbres.
La seconde vague de titres, lancée quelques mois après le première, a moins de succès auprès du public. Elle est composée de :
- Cyberforce, crée par Marc Silvestri dans son studio Top Cow Productions.
- ShadowHawk, produit par Jim Valentino sous son label Shadowline.
- Wetworks, crée par Whilce Portacio (qui n’a pas fondé son propre studio).
Les premières années n’apportent pas un succès énorme mais posent des bases solides pour le futur de l’éditeur et amènent les grandes figures du studio. C’est au milieu des années 1990 que les critiques deviennent globalement élogieuses pour Image, avec Spawn, Savage Dragon et de nouvelles séries comme Gen13, The Authority, Witchblade ou encore The Darkness. De plus, le modus operanti d’Image attire de plus en plus d’artistes du monde des comics qui le voient comme un El Dorado, avec le contrôle créatif et la conservation de la propriété intellectuelle.
L’année 1996 est difficile pour Image qui doit faire face à plusieurs problèmes internes. D’abord, certains des six co-fondateurs se plaignent que le président Rob Liefeld se sert de son rôle pour promouvoir son studio personnel Maximum Press, ne faisant pas partie d’Image. Les esprits s’échauffent et Marc Silvestri décide de quitter l’éditeur en séparant son studio Top Cow des autres. L’ambiance devenant pesante entre les différents membres, on décide d’exclure Liefeld d’Image Comics et c’est Jim Valentino qui reprend le poste de l’artiste. Top Cow et Silvestri réintègrent le studio après la mise hors-jeu de Liefeld, qui transformera Extreme Comics en Awesome Comics en 1997.
D’autre part, Jim Lee décide de vendre son studio Wildstorm dans le but de mieux s’occuper de son rôle de dessinateur et d’atténuer celui d’éditeur. C’est DC Comics qui en acquiert les droits.
Pour pallier à ces désagréments et compenser les pertes, des studios comme Gorilla Comics ou Dreamware Productions rejoignent Image en 2000 et 2001. Erik Larsen est nommé à la tête d’Image en 2004.
Depuis 2009, l’éditeur est dans une phase de grand plébiscite, acclamé par les lecteurs et encensé par la critique. Ceci s’explique par l’apparition de titres à succès tels que Tony Chew de John Layman et Rob Guillory, Fatale d’Ed Brubaker et Sean Phillips ou plus récemment East of West de Jonathan Hickman et Nick Dragotta. Mais surtout Saga, écrit par Brian K. Vaughan et illustré par Fiona Staples.
La réussite s’explique également par la performance du studio Skybound de Robert Kirkman, ajouté en 2010, ayant apporté des séries comme Walking Dead ou Invincible chez Image.
Le succès d’Image est de plus en plus grand avec l’arrivée de séries indépendantes et personnelles produites par la crème du monde des comics (aussi bien du côté de l’écriture que de l’illustration). Ces artistes peuvent assouvir leur besoin de création libre et c’est dans un premier temps grâce à eux, mais aussi grâce à son fonctionnement que le studio marche aussi bien.
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